Récits

Voici Prologue qui ouvre une création en chantier Prémisses qui pourrait donner lieu à un livret d’opéra.

Les mains pleines d’idées froissées
Je descends les marches, j’essaie,
Je trébuche avec la brassée

La lumière plisse le lierre

Les pieds empêtrés dans mon cœur.
Je surprends le temps, j’attends l’heure,
J’accroche les anicroches

Le vent me pousse par devant

J’arrive et caresse du doigt,
Les secrets et précieux émois.
Ils ruissellent de tous leur poids.

De frondaison en fenaison
Je trouve la raison
Suis en ma maison
Face à l’horizon

Tout à coup,
Tout à corps.

Je me déplie, m’ébroue
J’ouvre les bras sans débats
Avance en prédominance
Je m’élance en confiance.

Tout rejaillit en dedans,
Tout m’éclabouit sans bruit.

L’eau ruisselle le long du tronc et pénètre en discrète dans la terre, elle nourrit déjà le passé. Je m’appuie sur les feuilles de lierre et sens cette odeur reconnaissable entre toutes : celle de l’humus humide.
Bientôt gorgée d’eau, la nature « bonne mère » opérera sa magie et les pousses ne tarderont pas. Les pensées agitent en moi ces images qui s’animent doucement et me montre la germination comme si tout à coup j’étais racine, tige, feuille, fleur et fruit pour retourner à la nuit terrestre.
Je souris à la chaleur de l’instant malgré l’ondée qui m’envahit. Je me sens ancrée, je me vis réalité et me respire entité.
Je regarde mes pointes de pieds tournées vers l’allée et je me surprends par une envie de course effrénée à travers les ramées. Je lève les yeux et contemple avec envie cette puissance tutélaire : terre, air, eau… Je ne suis rien de plus qu’atomes, molécules et cellules… J’oscille comme les aiguilles de la pendule sans que jamais je ne recule.
J’avance en persistance et avec irrévérence. Je me balance et danse entre ces fûts, je m’enchêne.
Corps et âme, je m’enlierre et m’inscris dans la lumière. Elle fuit d’entre les feuilles et s’essuie sur mes arêtes, mes angles et mes saillies. C’est à pic et à chœur que résonne mes heures. Martèlement,tellement là que je me vois me vivre autant que je me sens battre à la démesure du temps et je m’entends sourde à clair de vert en claire voix. Tout autour brille le son, résonnent les couleurs et bruisse la terre. Je danse, m’élance, je tourne et m’enivre du trop vivre.
Le jaillissement de l’instant n’a de cesse que la justesse de mes pas. Pieds en terre, tête en l’aire, paumes ouvertes me voilà offerte à mes risques et plaisirs, à la somme de mes désirs.

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